À l’inverse des prises de vue en intérieur, celle-ci présente deux personnages surplombant l’objectif sur un chemin de forêt. Dans un plan plus large où les modèles sont cette fois entièrement visibles, l’espace qui leur confère cette apparente liberté de mouvement, les absorbe en même temps dans une végétation abondante et sombre. Leur regard s’échappe entre les branches, vers un horizon indistinct mais traversé par les rayons du soleil, suggérant un autre espace possible de narration.
PHOTOGRAPHIES
Violence In The Flowers
Toujours dans une démarche documentaire, l’instant capté par la prise de vue instille un début de narration. Tête renversée, visage inconnu, le modèle semble se saisir d’un geste qui oscille entre agacement et brutalité. Un décalage se crée entre la tension apportée par la scène qui se vit au premier-plan, et un arrière-plan plutôt confortant et ensoleillé.
Portrait Of A Girl Waiting For A New Year
Dans un clair-obscur qui laisse sous-entendre un espace exigu, l’identité du modèle s’échappe pourtant du cadre et tend, à travers un bras passé par la fenêtre, vers un extérieur d’un blanc pesant et de béton, renforçant ainsi le caractère anonyme et universel de la scène. La lumière qui dessine la main gauche et les genoux, contre-balance avec cet extérieur, personnifiant l’intérieur et générant une tension dans ce personnage étriqué dans un entre-deux de solitude.
Start To Melt
Une série de deux photographies, entre documentaire et fiction, où le personnage suit le mouvement figé du décor dans lequel il évolue, et commence à s’y fondre. On retrouve une dimension sociale dans cette pièce, cette fois photographiée dans une maison bourgeoise de Villeurbanne, l’ennui étant la seule constante.
How Soon Is Now?
Ces deux images, formant une série entre documentaire et fiction, suggèrent un temps d’attente, mélancolique, où le personnage évolue entre clair obscur, intérieur et extérieur, intrusion et vulnérabilité. Prises à Sheffield, ancienne ville industrielle du nord de l’Angleterre, elles dévoilent notamment un rayonnement social, témoignant d’une atmosphère morose et appauvrie par les retombées économiques.
De l’autre côté / Entre-deux soeurs
Menée en binôme avec Éloïse Rey, cette édition comprend à la fois des photographies et textes où se rejouent, dans un mouvement régressif,
des scènes enfantines et ingénues par deux femmes adultes, provoquant un décalage surréaliste entre souvenirs et temps présent.
There Is A Light That Never Goes Out
Crispée sur sa chaise, dans un espace sombre et figé, le personnage mis en scène semble épinglé dans un temps mélancolique, reflétant au spectateur ses propres angoisses. Mais cette photographie aborde un second sujet. Reprenant certains codes de la peinture, elle tend à mettre en évidence le lien fort existant entre ces deux médiums comme empreinte du réel, inversant d’une certaine façon l’instant référentiel. Cette volonté justifie notamment le choix d’un format qui pourrait s’apparenter au tableau.
Your Life Is Like A Hopper’s Painting
L’attente devient le réel sujet du récit de ces deux triptyques photographiques, où transparaissent en filigrane les attitudes des femmes dépeintes par Edward Hopper, qui narre, au-delà d’une histoire américaine, un fort sentiment de morosité et de mélancolie. L’espace de l’appartement se révèle être une sorte de projection de l’espace mental du personnage, écaillé et froid, vacant.